L'amygdalectomie aujourd'hui.
L'ablation des amygdales, ou amygdalectomie, est une intervention chirurgicale qui était autrefois très fréquemment employée en cas d'angines chroniques.
Elle est aujourd'hui proposée en dernier recours en cas de risques infectieux ou obstructif très importants.
Amygdalectomie : les angines concernées
Les médecins auront tendance à se tourner vers une amygdalectomie lorsque l'enfant présente des symptômes invalidants au point d'entraîner d'importantes conséquences sur sa croissance et sa scolarité :
- un risque infectieux avec au moins :
- 7 épisodes infectieux de pharyngite récidivante au cours de la dernière année ;
- ou 5 épisodes par an sur les 2 dernières années ;
- ou 3 épisodes par an sur les 3 dernières années ;
- une amygdalite chronique avec des symptômes inflammatoires présents pendant plus de trois mois et non soignée par le traitement médical prescrit ;
- une amygdale tuméfiée et suspectée de malignité (dans ce cas on opère sans délai),
- une récidive de phlegmon péri-amygdalien (abcès) ;
Bon à savoir : les indications infectieuses de l'amygdalectomie ont diminué du fait de la possibilité de diagnostiquer les angines à streptocoques bêta-hémolytiques du groupe A avec les tests de diagnostic rapide.
- un risque obstructif avec :
- une hypertrophie (volume augmenté) des amygdales chez l'enfant, susceptible d'entraîner des problèmes de respiration, notamment la nuit ;
- une hypertrophie amygdalienne, susceptible d'entraîner des blocages alimentaires (dysphagie) amenant à un retard staturo-pondéral (voir la courbe de croissance) ;
- un syndrome d'apnée du sommeil (SAOS) chez l'enfant ou chez l'adulte, associé à des ronflements (les ronflements simples ne nécessitent pas une amygdalectomie).
À noter : on note que l'intervention chirurgicale entraîne des améliorations durables en termes d'angines dans 40 à 50 % des cas seulement ; inversement, on constate que l'amygdalectomie (tout comme l'adénoïdectomie) double les risques de BPCO (broncho-pneumopathie chronique obstructive) et de conjonctivite, et triple les risques de développer une infection respiratoire haute.
Autres indications de l'amygdalectomie
De nouvelles recommandations sur l’amygdalectomie ont été présentées lors du congrès digital de la Société française d’ORL, organisé les 10 et 11 octobre 2020. Outre les indications qui viennent d'être mentionnées, l'amygdalectomie est recommandée dans des indications plus rares que le SAOS de l’enfant ou les troubles de la déglutition (dysphagie aux gros morceaux), comme :
- les troubles de la phonation (voix oropharyngée) ;
- les troubles du développement oro-facial ;
- l’existence d’une angine aiguë entraînant des troubles respiratoires (dyspnée) souvent consécutive à :
- une mononucléose ;
- une glomérulonéphrite à Ig A.
Contre-indications à l'amygdalectomie
Bien que les médecins estiment qu'il n'y a pas de contre-indications particulières à cette intervention, il faut toutefois tenir compte des personnes :
- présentant des troubles de la coagulation (contre-indication estimée insuffisante pour annuler une intervention) ou prenant régulièrement un traitement d'anticoagulants ;
- ayant une fente palatine ou « bec de lièvre » (contre-indication jugée insuffisante) ;
- présentant un état fiévreux supérieur à 38 °C (contre-indication temporaire).
Déroulement de l'intervention
L'opération consistant à enlever les amygdales est réalisée sous anesthésie générale. Une consultation auprès d'un médecin-anesthésiste-réanimateur est donc nécessaire pour préparer l'intervention.
L'acte à proprement parler consiste à retirer les amygdales en passant les instruments chirurgicaux par la bouche. Celle-ci est maintenue ouverte par un outil spécial durant toute l'intervention.
Deux techniques existent :
- la dissection qui consiste à découper l'amygdale ;
- la technique via un sludder qui est une espèce de guillotine qui va trancher l'amygdale d'un seul coup.
On peut procéder par voie extracapsulaire ou intracapsulaire (ablation du tissu amygdalien dépassant des piliers) pour réduire les saignements et la douleur en post-opératoire.
Lorsqu'une amygdale est retirée, le médecin interrompt les hémorragies déclenchées par électrocoagulation : un ustensile dans lequel passe un courant électrique est placé sur la zone à colmater.
Il est également possible de procéder à une ablation partielle qui peut quant à elle être également effectuée par électrochirurgie. À noter que le chirurgien ôtera généralement les deux amygdales même si une seule est concernée.
L’acte chirurgical peut être effectué en ambulatoire (le patient rentre chez lui le jour même).
Amygdalectomie : la convalescence
Globalement on estime que la convalescence dure une semaine au moins. Au cours de cette période, de nombreuses recommandations sont à observer.
- Il est important de bien se reposer pour faciliter la récupération.
- Il faudra progressivement reprendre une activité normale en fonction de l'amélioration de son état général (il est important d'écouter son corps et de se respecter).
- Éviter les activités physiques importantes.
- Faire en sorte d'éviter d'entrer en contact avec des personnes malades.
- Conserver une hygiène buccodentaire stricte : brossage de dents doux, mais régulier (attention, pas de dentifrice à la menthe si vous prenez de l'homéopathie).
- Il faut bien s'hydrater quitte à boire petite cuillère par petite cuillère en cas de problèmes digestifs ou de douleurs.
- Faire en sorte de favoriser les aliments frais et plutôt faciles à avaler (compotes).
- Manger des glaces à l'eau et des sorbets (en quantité raisonnable !).
- Ne pas manger épicé ou acide.
Pour limiter la douleur, outre l'homéopathie et la consommation de glaces, il est possible de poser sur sa gorge un sac de glace (avec un linge intercalé entre la peau et la glace) pendant un quart d'heure de temps à autre.
Il est également conseillé de ne pas trop parler pendant quatre ou cinq jours pour éviter de réveiller la douleur des muscles de la gorge qui sont endoloris.
Une mauvaise haleine est normale durant les deux semaines qui suivent l'intervention. Il est très important de se brosser les dents aussi normalement que possible.
Complications possibles suite à l'opération
Pendant une à deux semaines, deux plaies persistent et entraînent une déglutition très douloureuse. Des médicaments destinés à lutter contre la douleur sont systématiquement prescrits. Ils sont préconisés pour une semaine au moins.
La douleur est particulièrement violente le matin et diminue progressivement dans la journée.
Il est également possible, suite à l'intervention :
- de souffrir de douleurs à l'oreille ;
- de cracher un peu de sang ;
- d'avoir la langue ou les lèvres légèrement lésées ;
- de souffrir de nausées et de vomissements.
Les vomissements peuvent être noirâtres, mais il ne faut pas s'en inquiéter, il s'agit de sang passé dans l'estomac et en partie digéré. Inquiétude il doit y avoir si le sang vomi est rouge (hématémèse). Dans ce cas, se rendre tout de suite aux urgences.
Bon à savoir : depuis le 1er janvier 2022, une personne qui se rend aux urgences sans être hospitalisée doit régler un « forfait patient urgences (FPU) » d’un montant de 19,61 € qui peut être pris en charge par la mutuelle (ou complémentaire santé).
Parmi les autres complications qui peuvent survenir, mentionnons :
- les otites ;
- les abcès ;
- les hémorragies ;
- une modification de la voix est possible une fois la cicatrisation terminée ; dans ce cas, une rééducation orthophonique sera à envisager.
Cas exceptionnel, mais qui mérite d'être mentionné, une hémorragie majeure peut survenir au cours de l'opération. Si cela arrive, une opération au niveau du cou doit être réalisée en urgence afin de la stopper le plus rapidement possible.
À noter : dans certains cas, l'opération ne permet pas de lever l'obstruction respiratoire et les enfants devront être suivis à moyen et long terme en raison d’un risque de SAOS résiduel ou d’une récidive due à la repousse amygdalienne ou adénoïdienne.
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